Les DSAA au théâtre de la Bastille

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Comme quoi, less is more

Début septembre, une poignée d’étudiantes et d’enseignants de DSAA  arrivent au théâtre de la Bastille, impatiente de découvrir Illusions Perdues mis en scène par Pauline Bayle avec la compagnie à Tire-d’Aile. Nous ignorions encore toutes les surprises que cette adaptation du roman d’Honoré de Balzac nous réservait.

On y découvre Lucien, un jeune poète en quête de reconnaissance, découvrant avec naïveté la violence du journalisme et de la scène artistique parisienne. Il est incarné par Jenna Thiam, dont j’avais découvert les talents dans la sombre et étrange série Les Revenants, quelques années plus tôt.

Dans la plupart des pièces de théâtre auxquelles j’ai pu assister, les quelques changements de lieu ou d’époque s’accompagnaient généralement, une fois les rideaux tirés, par de grands changements de décor, de maquillage, de costumes… Dans illusions perdues, ces changements dans la narration sont radicaux : on passe d’Angoulême à Paris, d’une rue passante à un bureau, d’une comédienne désinvolte à une froide rédactrice… Pourtant, ces changements se réalisent avec une impressionnante économie de moyens tout en permettant de puissants effets visuels et une sémantique complexe. En effet, la totalité des éléments servant à nous faire comprendre un changement de contexte sont depuis le début présents sur scène, mais ne se révèlent qu’à un moment donné. Nous sommes surpris par ce qui est pourtant sous nos yeux depuis le début.

À tout juste cinq comédien•nes, sont incarnés plus d’une vingtaine de personnages grâce à un simple changement de chaussures ou d’écharpe […]. Charlotte Van Bervesselès, en passant d’Eve à Coralie, Michel, Félicien ou Madame d’Espard, ne perd pas une seconde notre profonde attention.

Au commencement de la pièce, Lucien est interrompu par deux comédiens dissimulés parmi nous. Le public devient alors acteur, l’espace de jeu s’agrandit, nous prenant en compte. Derrière le rideau se trouve un nouveau public, identique au nôtre. Ce n’est pas un quatrième, mais un cinquième mur qui vient à l’instant d’être brisé.

Le sol, semblable à une banale moquette blanche, devient, par un simple changement de lumière, un angoissant rideau de poussière ; avec un peu d’eau dessus, un marécage faisant sombrer nos personnages dans le désespoir et la folie.

Tous les éléments de la pièce peuvent-être chamboulés. Ils prennent sans cesse une nouvelle forme, un nouveau sens.

Lola Denglos, DSAA1

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