DSAA et DNMADE au cœur de la Guerre de Troie – en plein Montreuil

Odysse 10 09 22 Simon Gosselin 54

Mercredi 21 septembre, une cinquantaine d’étudiants et d’étudiantes des cinq promotions de DNMADE 1, 2, 3 et DSAA 1 et 2 ont assisté à l’adaptation de L’Iliade d’Homère par Pauline Bayle au Théâtre Public de Montreuil.

 Une étudiante de DSAA1 témoigne.

 L’Iliade 2.022

S’introduire dans l’œuvre d’Homère.

Mercredi 21 septembre, 19h30. Nous nous retrouvons devant le Théâtre Public de Montreuil pour assister à une représentation de L’Iliade. Chef d’œuvre antique, il raconte un épisode spécifique de la guerre de Troie : la colère d’Achille. 

Le siège de Troie par les Grecs dure depuis neuf ans maintenant. Agamemnon, roi grec, par un enchaînement de circonstances, enlève Briséis, la captive d’Achille. Cette manœuvre provoque la colère de ce dernier —amoureux— qui se retire de la bataille. Les Grecs, privés de leur meilleur guerrier, peinent face aux Troyens conduits par Hector… 

Si l’Iliade ne manque pas de décors fabuleux et encore moins de personnages, je suis curieuse de voir comment Pauline Bayle, la metteuse en scène, a pu imaginer une pièce digeste de seulement 1h25. 

Alors que nous attendons devant l’entrée du théâtre, une dispute éclate au milieu de la foule. Tous les visages se tournent vers l’homme en civil qui vient de hausser le ton. Quelle surprise de rencontrer Agamemnon, là, à deux spectateurs de moi, en train de disputer Achille. Sous nos yeux ébahis, la place Jean Jaurès laisse place à la guerre de Troie. Puis, Ulysse, se frayant un passage dans la foule, nous attribue bateaux, noms et cités, et nous propose de le suivre à l’intérieur. 

Une fois installés, nous découvrons une scénographie d’une extrême sobriété. Sur le mur du fond sont suspendues deux pancartes en carton répertoriant les noms des Grecs d’un côté, ceux des Troyens de l’autre. Cinq chaises en plastique en arrière-scène ainsi qu’un long tissu blanc en devant de scène, sont bordés de seaux et occupent le reste de l’espace. C’est parmi ces maigres décors que viennent jouer les cinq comédiens de la compagnie À Tire d’Aile. En civil, habillés d’un tee-shirt et d’un pantalon de travail noir, ils prennent plusieurs rôles. Viktoria Kozlova jouera tour à tour Poseidon, Ajax le grand et Priam, le roi des Troyens. Pourtant, cette simplicité des décors et costumes contribuent très rapidement à mon immersion la plus totale dans le récit… 

Si la mise en scène est d’une simplicité extrême, elle n’en est pas moins symbolique. Mathilde Méry, dans le rôle d’Achille, lors de la quatrième nuit, se couvre la peau de paillettes afin de revêtir « ses armes ». Le revêtement d’un costume, normalement caché, confère une dimension secrète à la scène. De même, les funérailles de Patrocle sont représentées par du feu sur scène. La régie coupe la lumière et les comédiens ne sont plus qu’éclairés par le feu qui brûle dans un sceau à leurs pieds. L’éclairage tamisé produit alors un effet de compassion et d’intimité intense avec les comédiens.

Plus encore, l’interprétation plus contemporaine du texte, nous immerge dans la pièce antique. Poseidonrape une de ses tirades, les scènes de guerre sont énumérées rapidement avec froideur, contrastant avec d’autres, majeures, jouées de façon plus touchantes. Quant aux dieux de l’Olympe, ils sont interprétés avec beaucoup d’humour et d’extravagance provoquant les rires du public. Et si chaque comédien détient plusieurs rôles, Pauline Bayle met à bas l’attribution genrée des rôles au théâtre en faisant interpréter la plupart des rôles féminins à des acteurs hommes et vice versa. 

Finalement, la sobriété de la mise en scène laisse davantage d’espace au jeu d’acteur. Avec des accessoires-symboles justement trouvés, la pièce —contemporaine— côtoie l’humour. Cette place faite au jeu d’acteur contribue à humaniser les personnages là où une surdose de costumes et de décors aurait probablement conduit à un décalage entre la pièce et son public. 

En bref, je ressors parfaitement conquise de cette représentation, me demandant quand se joue l’Odyssée, deuxième chapitre du diptyque d’Homère. Affaire à suivre…

Une étudiante de DSAA 1

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