Un spectacle décoiffant
La troupe des TG Stan a fait découvrir le théâtre de Molière sous un jour totalement neuf et hilarant à un groupe de DSAA1 et de DNMADE au théâtre de la Bastille avec le spectacle Poquelin II, créé en l’honneur des 400 ans de Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière. Trois étudiantes de DSAA1 racontent.
« Un spectacle étonnant. Je n'aurais jamais pensé rire à une pièce de théâtre et pourtant ce fut bien le cas! Un début de spectacle surprenant avec deux personnages qui courent et crient (chantent?) dans la salle, des personnages loufoques qui jouent avec le texte pour le rendre beaucoup plus contemporain tout en créant une proximité et une interactivité fortes avec le public. Si toutes les représentations étaient complètes, ce n'est pas pour rien, car ce spectacle était très réussi. » Laurine Dumas
« Les rires étaient si forts que j’ai cru qu’il y avait des comédiens payés dans le public ! C’était également amusant d’observer les acteurs devenir eux-mêmes spectateurs de leur propre pièce. C’était comme s’ils redécouvraient les performances d’acteur des uns et des autres ; ils étaient divertis tout autant que nous l’étions ! »HélidieTartière
« C’est un théâtre en kit, à monter et à démonter partout, tout le temps et en rien de temps. C’est un genre en soi, ça s’appelle le théâtre de tréteaux. Une grande estrade en bois aggloméré est installée au beau milieu du public. Quelques marches faisant office de sommaires escabeaux sont vissées aux quatre coins de cette scène de fortune. Scène donc encerclée par les spectateurs qui se retrouveront, malgré eux, en contre-plongée de l’action comique.
Lorsque les acteurs se lèvent et commencent, c’est par l’Avare. Avec Poquelin II, les sept comédiens et comédiennes belges enchaînent deux pièces de Molière sans entracte, endossent les rôles d’une trentaine de personnages et ce, avec un décor rudimentaire si ce n’est presque absent. On vient à se demander si cela est réellement possible. À les voir réussir avec brio ce pari, la pièce en devient encore plus saisissante. Pour ne rien enlever aux difficultés, ces courageux acteurs flamands, il faut le souligner, doivent travailler avec de la prose française du XVIIe siècle. Au lieu de s’appliquer scrupuleusement à ne pas écorcher la langue de Molière, ils préfèrent envisager le problème sous un autre angle. S’il leur est impossible de cacher leurs difficultés d’articulation, ils décident alors de les exacerber pour créer un nouvel effet comique surprenant et très efficace.
Une musique forte et enjouée, un changement de décor de fond, la mise en place de faibles passerelles. Il n’en faut pas plus pour changer totalement d’intrigue et passer d’une pièce à l’autre. Le Bourgeois gentilhomme à la barbe aussi ébouriffée que les cheveux, succède ainsi à Harpagon qui nous accuse à maintes reprises avant de partirde lui avoir volé son trésor. La fluidité des transitions ne fait que renforcer la force de situation des scènes. Les acteurs se changent devant nous et attrapent des rôles à la volée. Tours de passe-passe brillamment exécutés puisqu’à aucun moment nous ne sommes perdus. Il leur suffit d’un t-shirt blanc, qu’ils se transmettent habilement, pour transporter un personnage sur un autre corps. Il leur suffit de renverser une brouette pleine d’aliments en plastique pour faire éclore, en une fraction de seconde, une scène de banquet. En enchaînant des scènes plus drôles les unes que les autres, ils manient avec justesse les comiques de situation et nous rappellent que le théâtre, est avant tout un jeu. »
Lou Develleroy